Alan Colquhoun – entretien
Architecte, critique, enseignant et historien, l’Écossais Alan Harald Colquhoun (né en 1921) est à la fois l’acteur et le témoin attentif de cinq décennies d’histoire de l’architecture. Esprit libre, calme et curieux, il a su garder son indépendance vis-à-vis des figures qu’il a côtoyées (Banham, les Smithson, Eisenman…) et des courants qu’il a traversés (Team X, postmodernisme, critical theory…). Rencontre avec un « guetteur du siècle ».
Publié dans le numéro 1 (janvier 2008).
L’œuvre au blanc – Coupe sur l’histoire d’un presbytère
La grande architecture se loge parfois dans de petites choses. La rénovation d’une modeste maison de ville à Louvain (Belgique) donne l’occasion aux architectes Philippe Vander Maren et Mireille Weerts de questionner les conditions actuelles du métier, les doctrines de conservation du patrimoine, les relations entre art et architecture.
Publié dans le numéro 2 (septembre 2008).
Les structures d’un monde meilleur : construire un pont en Haïti
Alors qu’Haïti a subitement basculé, le 12 janvier 2010, dans le régime de l’urgence, le projet d’un petit ouvrage d’art qu’une ONG d’architectes et d’ingénieurs mène depuis deux ans dans une région montagneuse de l’île, ouvre d’autres horizons. Cet ouvrage éminemment collectif, qui met en œuvre des modèles constructifs adaptés aux économies pauvres, répond à la longue durée des problématiques géopolitiques de ce pays et de notre monde fragile.
Publié dans le numéro 5 (mars 2010).
Idiotismes architecturaux
Publié dans le numéro 6 (septembre 2010).
L’inhabitable rase
Un ouvrage récent, produit par le Pavillon de l’Arsenal, loue l’entreprise volontariste de construction de logements sociaux et d’amélioration de l’habitat dégradé que mène tambour battant la Ville de Paris. Légitime dans ses principes, cette politique de Bertrand Delanoë, maire PS depuis dix ans, mérite cependant d’être discutée, à l’heure où ses effets architecturaux deviennent visibles dans le paysage parisien et servent de support à son propre marketing.
Publié dans le numéro 8 (septembre 2011).
Metropol Parasol, une ombre sur la ville
Fruit de la croissance miraculeuse de l’Espagne dans les années 2000, Metropol Parasol, nouvelle icône architecturale sévillane, que son maître d’ouvrage évoquait comme la « construction d’un rêve », pourrait bien devenir l’un des symboles du cauchemar économique et politique que traverse ce pays depuis l’éclatement de la bulle immobilière. Occupée pendant deux mois par les Indignados, elle permet en tout cas de mesurer les causes et les effets architecturaux de cette crise interminable.
Publié dans le numéro 9 (mars 2012).
L’hôpital qui se joue de l’éternité
Dans le spectre élargi des réponses architecturales à la crise environnementale, Carlo Baumschlager et Dietmar Eberle tiennent une position radicale, ni high- ni low-tech, ni alter ni green. Puisant au cœur de la discipline, les deux architectes autrichiens défendent un triple idéal, de pérennité, de beauté et de flexibilité, que leur projet pour le nouvel hôpital général de Courtrai (Belgique) – baptisé A.Z. (Algemene Ziekenhuis) Groeninge – met à l’épreuve, à grande échelle.
Publié dans le numéro 11 (2013 printemps).
Le Beau dans les bourgs
Publié dans le numéro 12 (2013 automne).
Conversation avec Jean Dethier
Auteur d’une vingtaine d’expositions sur l’architecture et la ville, principalement au Centre Pompidou, et lauréat du grand prix national d’architecture 1987, l’architecte belge Jean Dethier, né en 1939, revient sur quelques événements qui ont jalonné son parcours, depuis les grands idéaux socioculturels auxquels il adhérait dans les années 1970 jusqu’au cynisme de l’industrie culturelle qui les a balayés dans les décennies ultérieures. Un autre type de musée d’architecture est-il encore possible ?
Publié dans le numéro 13 (2014 printemps).
Pour le meilleur et pour le Pile
Quartier le plus pauvre d’une des villes les plus pauvres de France, le Pile à Roubaix (Nord) a déjà fait l’objet d’une suite infructueuse d’études et de projets urbains depuis trois décennies. Celui dont l’architecte Pierre Bernard a la charge pour sept ans, dans le cadre du Plan national de rénovation des quartiers anciens dégradés (pnrqad), prend acte de l’échec des méthodes courantes de la « rénovation urbaine » et prend le risque de les repenser radicalement. Alors que l’issue du projet est incertaine, il convient de rappeler et de défendre sa démarche et son engagement.
Publié dans le numéro 14 (2014 automne).
Air crafted architecture
Invité dans le cadre de « Artistes 4 Paris Climate 2015 », en marge de la COP21, en décembre 2015, l’artiste Tomás Saraceno promet de « franchir une étape majeure » de son projet artistico-utopique : Becoming Aerosolar. Au croisement de l’art, de l’architecture et de la science, il multiplie en effet, depuis une quinzaine d’années, les tentatives de faire voler des ballons solaires autoconstruits, préfigurations d’une nouvelle forme d’habitat, voire d’urbanisme suspendu, qui entend à la fois dénoncer et dépasser la crise écologique annoncée.
Publié dans le numéro 16 (2015 automne).
Utilitas, firmitas, austeritas
Le climat culpabilisant qu’ont instauré la dernière crise et les campagnes de rigueur budgétaire censées y remédier a été particulièrement intériorisé par le monde des architectes, qu’ils ont traduit en esthétiques de la pauvreté, ascétismes formels et autres éthiques de la modestie. L’architecte Pier Vittorio Aureli, auteur en 2013 de Less is Enough, illustre et commente à la fois cette réaction et l’éclosion de nouveaux fondamentalismes architecturaux.
Publié dans le numéro 17 (2016 printemps).
La différence comme identité, entretien avec Olivier Bastin
Olivier Bastin est architecte au sein de la coopérative d’architecture L’Escaut, implantée depuis 1989 à Bruxelles dans un ancien bâtiment industriel de Molenbeek. De 2009 à 2014, il a exercé la fonction de Bouwmeester (maître architecte) de la Région Bruxelles-Capitale. Son travail avec les habitants de son quartier et au sein des institutions a fait de lui un témoin privilégié et un acteur de l’évolution architecturale de Bruxelles durant les dernières décennies.
Publié dans le numéro 18 (2016 automne).
Airbnb, plus (jamais) chez soi
La culture numérique ne transforme pas seulement l’architecture en amont, en renouvelant les outils de conception. Une « plateforme communautaire » en ligne telle qu’Airbnb, spécialisée dans la location à court terme de logements, modifie profondément non seulement les équilibres économiques qui déterminent l’acte d’habiter mais aussi la forme même des espaces domestiques.
Publié dans le numéro 18 (2016 automne).
Fresh Classicism
À l’heure du BIM, dessiner l’architecture à la main, avec les outils artisanaux séculaires, participe du retour à la « tradition » que revendiquent les réseaux d’architectes fédérés à Londres par la figure du prince Charles. George Saumarez Smith (né en 1973), associé de l’agence néotraditionaliste Robert Adam Architecture, incarne, avec une désarmante virtuosité, ces usages prosélytes et ostentatoires du dessin manuel.
Publié dans le numéro 20 (2018 printemps).